mardi

Quelques images du décrochage...



lecture de Benoit devant un public attentif




lecture de Laurent








L'équipe des lecteurs : (de gauche à droite) Jean-Pol, Laurent, Valérie, Maurane (qui, en tant qu'auteur, a remporté le Prix de La Livre de Café), Benoit (qui, à ses heures accessoires, est le patron des lieux), Berardo, Chris

vendredi

image 82-0

Emmené par les ombres froide étirant ma silhouette vers ce passé résistant, cadavre encore tiède des souvenirs révolus.La pensée marbrée, insidieuse injonction de l'âme, dans son refuge de souffrance m'invite à la noce du manque et de l'absence. J'hésite et me fige. la nuit, hôte fidèle, le jour et sa lumière d'espoir.Je reste effacé, immobile, rassuré de n'être que l'ombre de mon devenir, prisonnier libéré de ses barreaux, non de sa cellule.Mais que la lumière m'atteigne, m'aveugle et me décide, titubant, par delà son règne, je m'abandonne épuisé et heureux. Le chemin, éclairé de ses sourires, reste tortueux.Dès lors, que les ombres tiennent, je peux enfin me réjouir, que de ce combat survienne, plus qu'une danse, un avenir.

auteur: Nicolas Laschet

image 37-3

Dès potron-minet, le soleil caresse, de ses rayons incandescents, le métal froid de ces immuables bennes à ordure, derniers vestiges d’un monde qui a mal tourné.
Les cités grouillantes se sont muées en désert urbains. Mal armée, la planète bleue a baissé pavillon. Dépotoir est même devenu son nouveau nom.
Les bulletins météos se sont alarmés
La prise de conscience écologique a avorté
L’extinction du genre humain ?

...Avérée…


auteur: Neptune

image 22-8

Y’a un policier aujourd’hui qui chie dans ses bottes. Son escadron patauge dans la même merde. Il a tabassé un détenu. Les autres l’ont retenu, pas trop. Paraît que ça glissait. L’ambiance était moite, le détenu vilain, le café fort. Enfin tu vois. Moi, je passais. Je poussais le chariot. La grosse marmite chaude. Le pain tout déquillé. Enfin tu vois. Le policier était là, comme un bout de pain mou lui aussi. Assis par terre, la matraque entre les jambes. J’ai eu envie de lui donner un bol de soupe. Ca me fait quelque chose moi, des types assis par terre. Le dernier – c’était dans le Nord - je l’ai décapité avec un sabre. Ils le savent, les gens d’ici. C’est pour ça que c’est pas moi qui coupe le pain. C’est un autre. Un étrangleur. Moi je pousse la soupe. Bon, je me suis écarté du policier. Il regardait droit devant lui, comme si le couloir avait été peuplé non de courant d’air mais d’une paille diabolique qui lui suçait les yeux. Un autre flic m’a jeté un regard lugubre. C’était étrange toute cette scène : les halètements du détenus tabassés, la lourde porte s’ouvrant trop lentement sur le médecin de garde, cette satanée odeur de soupe au poireau qui m’a toujours donné l’envie de vomir. Enfin tu vois.
auteur: Stephen Vincke

image 171-5

Un jeune en Ville ça ne préoccupe personne. Le jeune passe son chemin. Il monte la rue d’Havré, dégaine quelques regards pour les jolies filles. Achète un paquet de fraises tagadas au Night shop. Ensuite, il se plante face au petit singe et songe : « Je caresse avec la main gauche ou je caresse pas avec la main gauche ?... ». Il songe près du petit singe …mais pas trop longtemps parce que ses potes arrivent et l’appellent. Alors il se retourne et, clopin clopan clope en main, il les rejoint. Ce groupe de cadets va refaire le Mons pendant une heure sur des bancs en acier. L’acier froid, ça laisse des marques sur les fesses : après on a le derrière bariolé… Une seule solution : poser son popotin sur de véritables chaises, direction le Pub irlandais.
C’est alors que U2 prend possession de l’ambiance générale, pogos et cie déchaînent le groupe d’ados. Et justement, ils ont les sorteurs à dos…Et ils sont évincés des lieux.
Assis au-dessus de la rigole, ils se gondolent. Tout à coup, une odeur chaude enivre leurs sens : pas d’hésitation, Billy est dans la place, il fait son marché aux herbes et aux épices.
Le repas brûlant trouve son refuge cocon dans leurs estomacs affamés. Les frites avec de la sauce, c’est comme un refuge moelleux en période glaciaire ! Ca réchauffe tout, le ventre, le corps, le cœur et les soucis déjà oubliés.
Le campanile du beffroi ne sonne plus minuit, notre jeune du début de l’histoire reprend sa route au foyer… mais quel foyer ? Qui est ce jeune ? Personne ne le sait.
Tous les jours, ce jeune fait la même chose : rue d’Havré, fraises tagadas, petit singe, potes, bancs d’acier, pub irlandais, U2, rigoles, Billy. Vous avez certainement déjà dû le croiser.
Vous allez me dire : il serait peut-être temps qu’il change de trajectoire, notre jeune homme ? Et vous avez raison.

Au fait, vous auriez pas de l’argent à me prêter ? C’est pour m’acheter un paquet de fraises tagadas.


auteur: Alice

image 37-3

Au début, c’est elle qu’on choisissait.
Elle était la plus belle, la plus blinquée, la plus propre.
Elle y croyait à cette vie de prospérité.
Tout le monde lui donnait de quoi manger, de quoi vivre.
Mais un jour, elle tomba malade.
Elle attrapa la Grévite éboueuse.
Elle n’évacuait plus se qu’elle ingurgitait.
Cela dura un mois. Un mois plein.
Lorsqu’elle fut secourue, soignée, elle ne fut plus la même.
Elle ne sera jamais plus la même que ces petites dernières nouvelles qui venaient d’arriver d’un pays de l’est.
Déjà, elle se sentait un peu rouillée de par-ci par-là.
Elle savait qu’un jour, on la jetterait…
...à la poubelle.
auteur: Benoit Geets

image 80-8

Tu te souviens, ce jour-là ?
Nous étions dans le parc à nous aimer.
Nous étions là, toi et moi.
Nous étions dans le parc à nous bécoter.

Maintenant, les feuilles fanées sont tombées.
Tout comme notre amour qui tente de se laisser oublier.
Mais, quand je regarde ce banc vide aujourd’hui.
Je le regarde avec une grande nostalgie.

Tu te souviens, ce jour-là ?
Nous étions là, toi et moi.
A nous aimer.
A nous bécoter.

Mais, regarde-nous aujourd’hui.
Nous n’irons plus sur ce banc pour nous aimer.
L’un sans l’autre on doit créer nos vies.

Nous n’irons plus sur ce banc, nous bécoter.


auteur : Leslie-Ann Huyge

image 19-3

(Vite. Vite. Regagner mes pénates afin d’analyser la situation. Quel fiasco ! Toute une après-midi à décortiquer ce putain de message codé pour me retrouver bredouille dans ce satané centre commercial de pacotille. Pour récolter quoi au final ? Des clopinettes !
Tout est confus dans ma caboche ! J’aurai parié ma chemise sur ce coup-là ! J’avais cru trouver le fin de mot de l’histoire en déduisant que cette fichue puce se logeait dans l’aquarium géant du magasin animalier ! Et me vlà bredouille, la queue entre les jambes, à fuir un hypothétique piège tendu par on ne sait quelle organisation. Suis-je parano ? Je ne suis assurément pas la personne idéale pour répondre à cette question. Y a qu’à voir mes mains trembloter telle un vieillard ne sachant plus boire un verre d’eau tout seul. Et la sueur qui perle sur mon échine dorsale en mode chair de poule intensif n’est pas là pour rassurer l’infime partie de mon cerveau qui se la joue encore rationnel !)

Soudain : FLASH !!!

(Quelqu’un vient de me prendre en photo ! J’suis fichu ! J’me retrouve prostré, moi, l’épouvantail couard avec la cervelle qui ne répond plus de rien. S’il n’avait été si court, ce face à face avec mon tortionnaire photographique aurait même pu paraître touchant aux yeux des quidams totalement indifférents à tout ce qui se tramait ! Son visage à lui restera à jamais gravé dans ma mémoire : une bouille trop ronde pour être honnête, un crâne dégarni, camouflage idéal en toute occasion et un sourire idiot de rigueur afin de masquer sa véritable identité ! Si mes sens n’étaient pas si aiguisés, j’aurais pu me laisser berner par ce gars feignant de ne préparer qu’une quelconque exposition photographique !)

auteur: Neptune

image 23-4

Obsession, tout n’est qu’obsession. Je suis un obsédé et je ne pense qu’à ça. Toujours. Tout le temps. Appelez-moi Priape. Je bande, oui, je bande, 24 heures sur 24, même lorsque je dors. Ce qui fait que je suis obligé de rester sur le dos et d’avoir des vêtements amples. Tout, tout m’est excitable. Une jupe courte, un mollet dénudé, une épaule dévoilée, bref, tout. Mais aussi, tout me fait aussi avoir une excitation. Une bitte d’amarrage, les glands d’un chêne, les boules d’un cornet de glace, l’érection d’une tout, un réverbère avec son lumignon renflé, une vis qui rencontre son écrou, une bouche humide d’égout.
auteur : Benoit Geets

image 181-12

Je m’appelle Marcelin. En 82 j’ai frappé un homme dans la rue. Cet homme était mon oncle. Il était livreur. Je n’aimais pas cet homme. Alors je l’ai frappé. A plusieurs reprises. Surtout au visage. Quand je l’ai vu par terre, recroquevillé, geignant, j’ai ressenti une impression bizarre. Comme d’avoir décollé du sol. J’étais léger. Je crois que mes poings avait transmis toute la pesanteur de mon existence au visage de mon oncle. Je retournais mon oncle du pieds. Son visage tuméfié, l’arcade sourcilière éclatée, la lèvre fendue, quelques paquets de gravier mêlés au sang poisseux. Il avait ramassé toute les phalanges de ma pesanteur dans sa chair. J’avais transmis. J’étais soulagé. Alors, les mains dans les poches, je suis parti. Je crois même que je sifflais.

auteur: Stephen Vincke

image 77-77

Mille et une cachettes

Derrière la haie ... ou couchée dans l'herbe
...Dans l'allée latérale ! Je fusionne avec le mur en retenant ma respiration.
Là, maman ne me trouvera pas.
Je fais quelques mètres vers le portillon en guettant le moindre mouvement aux alentours.
Derrière ce camion ... mais je ne verrai plus l'entrée de la maison.
Le chauffeur de bus klaxonne et me laisse traverser.

A côté de la rampe d'escalier ... ou derrière cette bicyclette...
J'ai une vue imprenable sur l’Avenue des Tilleuls. Je suis la fille de l'homme invisible.
Accroupie sur une pierre bleue, ma robe protège mes genoux de ce vent glacial.
Je refais mon lacet avant d'être ... percutée.
Perdue parmi les bruits et chuchotements d'inconnu qui m'entourent, la peur s'écoule de mes veines.
Aucune voix réconfortante pour me donner la force de me relever.
Enfin, je crois reconnaitre les formes de son visage. Ca y est ! Maman m'a trouvée !
Un voile rouge me brouille l'esprit. Je pleure des larmes de sang qui gouttent sur le pavé.
Un voile noir m'enveloppe et me transporte vers ces rayons de lumière.
Je n'ai plus froid.


auteur LomLaurent

image 67-3

Chaque jour, je suis là, assis dans mon petit bureau.
Je gâche ma vie pour ce job sans intérêt.
Chaque jour, je vois cet homme passer devant ma fenêtre.
Il traverse la rue pour passer devant ma fenêtre, mais ensuite,
chaque jour, il traverse à nouveau et continue son chemin sur l'autre trottoir,
avant d'atteindre le bout de la rue.
Chaque jour je me demande pourquoi il prend la peine de passer devant ma fenêtre ?
Je ne vois de lui que ses jambes des pieds au genoux car,
chaque jour, il y a cette enseigne de la société qui obture la partie supérieure de ma fenêtre.
Et le bas de la fenêtre est teinté, donc,
chaque jour je sais qu'il ne peut pas me voir; pourtant, j'ai l'impression qu'il me regarde.
Je vois ses pieds alors qu'il marche, mais je vois aussi le reflet de sa tête et ses épaules car,chaque jour, il pleut, donc,
il y a toujours une flaque d'eau sur le trottoir.
Chaque jour, je ressens l'existence d'un lien entre cet homme et moi.
Comme s'il passait devant ma fenêtre pour une raison bien précise.
Chaque jour, ma collègue me dit qu'elle connaît cet homme,
mais je ne sais pas si je peux la croire.

----------------

Hier, ma collègue m'a annoncé que cet homme était mort.
Elle s'est rendue à son enterrement ce week-end.
Hier, je lui ai demandé de quoi il était mort.
Elle m'a expliqué qu'il se battait depuis des années contre un cancer qui lui rongeait l'estomac.
Hier, je suis sorti sur le trottoir et me suis tenu à l'endroit où il passait chaque matin.
La vitre teintée me renvoyait mon reflet, mais je ne pouvais pas voir mon estomac .


auteur : Lance Aram Rothstein (traduction Cindya Izzarelli)

mercredi

image 33-2

Sans effort, quoique…

A grands pas pressés, elle arpente son quartier.
Rien n’échappe à son attention.
Dans ses pensées, elle suit pourtant un chemin tout tracé
Elle sait où et comment y aller : en marchant décidément !
Ouvrir un livre et boire un bon petit café…


auteur: Stéphanie De Coninck


vendredi

image 171-5

Continuité, évolution... Depuis la nuit des temps, l'Homme ne cessa d'avancer sur le chemin de la vie. Se déplaçant à 4 pattes, il est ensuite devenu bipède, et dans la course du temps, s'est créé des moyens de transport. La technologie disait-il, afin d'aller voir un peu plus loin encore...

C'est dans cette logique technologique que les bipèdes prirent le chemin de leur vie en compagnie des vélocipèdes. Mais les véloces bipèdes comprirent vite que la liberté de mouvements opérait uniquement avec ce que la Nature leur avait offert de plus cher en cadeau : des pieds ! Sans effort marchant, la vie perd tout son sens. Délaissant les vélocipèdes, les voilà redevenu bipèdes dans la course du temps.

La continuité de l'évolution humaine...


auteur: Chris Ducarreau / Slamour

image 77-5

Je me souviens de ce temps où tu te noyais dans l’ivresse d’un vin trop fort pour toi, qui te rendait si bavarde et qui faisait éclater ton rire qui me pénétrait comme l’écho d’un souvenir d’antan.
Je me souviens du son de cette voix suave dont je rêvais qu’un jour elle me murmure les mots qui font frissonner Marieke, je me brûlais les doigts avec le reste d’une cigarette que je ne fumais pas, trop fou des courbes de tes hanches et des … qui se formaient autour de ta bouche quand tu recrachais la fumée de ta cigarette.
Tes lèvres , je me souviens de leur grâce. Cette grâce que j’avais envie de goûter depuis toujours.
Marieke, ma Lolita du soir, aujourd’hui comme chaque jour je passe devant le café du Coq et tu me hantes, toi qui m’a inspiré des passions amoureuses à jamais perdues.
Je fixais ta nuque à t’en dévorer et tes jambes me portaient à chacun de mes pas.
Qu’es-tu devenue ?
Chaque jour je sens ton souvenir effleurer mon corps quand je passe devant le lieu de mes désirs à jamais enfermés dans un corps qui t’a toujours désiré mais ne frôlera jamais plus ta peau.

auteur : Hano-ah

image 15-25

Juliette :

La cachette i-dé-ale ! Personne ne me retrouvera jamais ici !
Vous me voyez ? Bien sûr que non ! J’avoue qu’il règne ici un relent de chaussettes périmées... mais le jeu en vaut la chandelle ! Rien qu’à imaginer la tête de John s’il perd la partie, lui, le fier étalon qui ne supporte même pas l’idée de louper sa place chez le dentiste !
Il fait quand même étouffant…

La sueur me dégouline…

Il devrait y mettre des thermostats dans ces bennes…

John :

Un taxi abandonné ! Je me casse ou je persiste dans cette idée de refuge ? Même s’il fait chaud (40 ° sous le soleil new-yorkais tout de même !) et que mon futal devra passer à l’essoreuse, j’suis sûr que ça pue moins que dans les poubelles d’en face qu’a choisie bêtement cette pimbêche de Juliette. Tout le monde l’a vue pénétrer dans cette décharge en plastique ! Même Siobban, qui d’un instant à l’autre va surgir du magasin de sacs pour débuter sa recherche éperdue !

Siobban :

97 – 98 – 99 et 100 !!!

Pffffffft qu’il a l’air de faire malsain dehors !

Je pense que j’vaisd rester ici finalement... pour profiter de l’air conditionné…

Epilogue (15 minutes plus tard) :

Tandis que Siobban se désaltère dans le magasin, John, assoupi, se fait rejoindre dans son coffre de voiture par un SDF belliqueux. Quant à Juliette, la pauvre, elle se fait embarquer par le camion à ordure...


auteur : Neptune

image 82-0

A présent, plans de blancs, gris et noirs, et ciels sur béton miroir.
Loin déjà, le vert amer, derrière, ou presque :
23ème jour de sa vie d'errances choisies, nivellements par le bas de la ville, intensifiés.
Dalles prégnantes, où, parfois le danger côtoie l'hilare, et dont il se veut l'arpenteur-guetteur. La capitale l'essouffle, le sollicite, l'emboite à pas de louve, l'insomnise par ses cris, clinquements, crissements de gorges et de métal.
Mais ce matin, il savoure la douceur en demi-somnolence d'un dimanche de novembre. Climatique.
Il dit IL, car le JE est à déconstruire, l'ancien étant resté en campagne amnésique subjective chez les pseudo-parents, en un village aux rumeurs(rue-meurt) d'étroitesse et courants d'air.
A présent, ironiser est sa possible avancée. Ici trés fort, plus loin sans doute, et chaque pas en passe d'être du passé. Le sombre du virage le stimule, équilibre instable de son évolution mutante, équation d'inconnues à croiser... car justement, voici des rires de filles au coeur du tunnel, sourdine passéiste, d'où sa frontière de peau toujours poreuse aux émois, se réveille et frissonne, des tympans à la plante, où l'ombre va fraîchissante sur le bout du miroir-mirage.
Rires d'invisibles rétroviseurs et d'enceintes fantômes; Caro, sa diva des salles paroissiales d'il n y a guère, lui apparaît, anachronique dans nuit-tunnel de la capitale... Qu il relègue vaille que vaille, avec les sentiers étrécis qu il ne veux plus savoir. Même si en cruel manque de toutes ces odeurs vivantes...
A présent, goudron rapiécé, tags nerveux comme des cris muets, affiches obsolètes, trottoirs et poivrots défoncés...mais tramways de visages à apprendre !
A présent, plus rien à justifier, rien d'obligé, que du présent. Le IL pouvant dé-jouer le JE, à force d'addition de présents.
auteur : Thierry Ries

mardi

image 60-0 - texte lauréat du prix de "La Livre de Café" -

Peur du vide. J’avoue j’ai toujours eu peur du vide. Ca me tient en suspension. Quoi que je fasse quoi que j’établisse je perds pieds souvent. Très souvent. Je perds pied. J’ai l’intime conviction que ça m’incitera toujours à faire marche arrière le vide ca me force à rester planté là sans bouger en respirant à peine faire le vide faire le vide. Lorsque j’étais enfant je me souviens avoir passé un long moment devant l’horloge du salon familial elle prenait toute la place toute la tapisserie. Entièrement. Cette vielle horloge familial passée de génération en génération d‘illusion en illusion je me souviens. Je me souviens très bien je me souviens avoir eu cette peur au ventre je me souviens avoir senti les gouttes de sueur me glisser sur le front je me suis vu d’en haut d’en haut tout en haut et de là haut je me souviens j’ai eu peur. Peur du vide.

>>> lors du décrochage, ce texte a été sélectionné par le public et à reçu le "Prix de la Livre de Café" !
auteur: Maurane Hogne


image 99-8 (bis)

La ville est triste
Un homme est couché sur des cartons de grandes boîtes défaites.
Au dessus de sa tête, une simple bâche de plastique bleue tendue entre trois piquets lui servant de toit.
Au-dessus du toit, le ciel, les étoiles.
L’homme est vêtu de divers vêtements, qui ne sont accordés ensemble ni par la couleur, ni par le style.
À ses pieds, sont disposés quatre grands sacs de toiles plastifiées contenant toute sa fortune. De simples habits sales, déchirés et quelques objets dépareillés.
Six tasses de plastique, deux bouteilles de verre contenant des liquides incertains, plusieurs paires de lunettes en plastiques sans verres, une poupée sans bras et divers ustensiles de cuisine n’ayant visiblement jamais servi.
Dans ses poches ; quelques piécettes.
Dans son ventre ; quelques miettes.
Dans sa tête ; quelques pensées discrètes.
La ville est triste. Oh, pas sur lui. Elle en a déjà tellement vu. Mais il pleut.
De petites gouttes froides et serrées. Fortes et incessantes. La ville se moque bien de ce misérable, alors elle essaye de laver ce déchet qui traîne dans ses rues.
Sous la toile de plastique bleue, une goutte longe une joue envahie de barbe. On pourrait croire, que finalement, un petit trou a fait son apparition pour laisser la pluie nettoyer la crasse de la ville.
Mais non, l’homme pleure doucement, tranquillement, sans embêter son monde.
Sans embêter la ville.

auteur: Benoit Geets

image 10-4

Prénom : Léo
Nom : habitant du quartier
Age : jeune de la cité

Insouciance ou liberté
Règle ou respect
Jeux ou Life style
Suivre ou survivre
Plier ou pilier

auteur: LomLaurent

lundi

image 181-12

Maman est encore tombée malade. Et ma sœur passe la semaine à la maison. Une banane, une pomme. Pf. J’ai besoin de viande, moi. Besoin de forces. Le poids des gens. La vie des gens au poids. Un divorce ? Deux kilos et trois cent grammes. Un vol à l’étalage ? A peine cent cinquante grammes de plus. Vous en reprendrez bien une tranche, non ? Une tranche de jambon au Porto. Plutôt deux fois qu’une. Et resservez-moi de ce Madère. Maman adore le Madère. Elle y trempe des biscuits. De gros biscuits bruns, couverts de sucre. Ma sœur n’aime pas les biscuits. Pourtant elle est énorme. Un quintal, sans problème. Et, malgré ça, c’est ma mère qui est malade. Ma petite maman toute sèche. C’est comme ça que je l’appelle : ma petite maman toute sèche. Faut que je pense à lui ramener du raisin. Du muscat. Bien brillant. Bien sucré. Sans pépin. Un souper fromage. Ca serait bien ça, un souper fromage. Putain, ça caille.

auteur: Stephen Vincke




image 88-1

Le pavé sec et désert, les fenêtres noires derrière la herse drue des barreaux sans âme, une fille toute seule sur le trottoir de l’ombre. Sous son voile, des rêves en folie trépignent et se bousculent. Elle n’a pas la clef. Elle ne peut pas les laisser s’enfuir, se faufiler entre les toits d’ardoise et le ciel bistre qui ne l’a pas vue naître. Elle fouille son sac, y plonge la main, y plonge les yeux. Pourquoi les lever vers le couvercle des illusions ?
Cherche encore la clef, jeune fille. Baisse encore les yeux, tu vas la trouver. Tu vois, la lumière vient d’en bas. Elle vient d’où on ne l’attend pas. Inaccessible, le ciel ? Regarde, il est descendu pour toi.

auteur: Marie-Claire George

image 14-7

Facile. Bien sûr que ça va être facile. Je vais lui dire et il sera le plus heureux du monde. Peut-être s’y attend-t-il, après tout. Je lui dis, il m’enlace et me couvre de baisers. Je m’en réjouis déjà. Vivement. J’accélère le pas.
Et s’il ne sourit pas ? Si son visage se fige d’angoisse ? L’horreur.
Je dois avancer, à défaut de pouvoir reculer. Les dés sont jetés. Avec mes oublis délibérés, ça devait arriver.
A me voir rayonner, c’est sûr, il aura deviné. Et puis, j’ai été claire, à force d’allusions répétées…
J’y suis presque. Encore quelques rues et j’entre en scène. Comment lui annoncer ? De but en blanc ? Non, trop cavalier. Surtout ne pas l’effrayer.
Et celui-là, je veux le garder, bien au creux de mes entrailles. Il restera, s’accrochera, naîtra. Dieu ne me le reprendra pas.
La peur au ventre, nauséeuse de ce tourbillon de vie, j’ai encore renoncé. J’ai tracé mon chemin. Peut-être lui dirais-je demain…

auteur: Oliva



image 98-8

De tout temps, l'homme a voulu réaliser de grands ouvrages architecturaux pour laisser une trace de son passage dans l'histoire. Les pyramides d'Egypte, la grande muraille de Chine sont autant de merveilles qui forcent l'admiration.

Les nouvelles technologies repoussent sans cessent les limites humainement réalisables et surfant sur la vague du développement durable, de nouvelles structures voient le jour, telle cette géante tour de verre aux pieds d'argile.

A la fin de sa construction, l'architecte s'est suicidé, se jetant du sommet de son œuvre de cristal après avoir constaté que les panneaux solaires photovoltaïques, recouvrant toute la face principale du bâtiment, avaient été malencontreusement placés côté Nord-est.

auteur: LomLaurent

vendredi

ACCROCHAGE !


image 46-7

marche mon gars marche ne t’épuise pas regarde le sol avance mon gars avance un pas un autre c’est ta course folle avance type avance cherche pas à savoir comprendre viendra plus tard allez type allez un pas devant l’autre regarde bien par terre ton ombre mon gars ton ombre tes pas sans bruit glissent sur le sol gris mon gars marche marche fais pas l’imbécile laisse tes yeux au sol les mains dans les poches la cervelle immobile circule mon vieux circule comme le monde est vieux et tes pas juvéniles allez garçon allez un pavé après l’autre le monde tourne le monde tourne sous tes pas cherche plus d’où tu viens cherche pas où tu vas y’a qu’un seul endroit qui compte pauvre type c’est là où tu tombes allez marche mon gars marche économise pas tes forces allez jette toi d’ici à là un seul mouvement un seul pas ami ami va ton chemin va ta route allez mon gars un dernier effort un dernier effort

auteur : Stephen Vincke

mardi

CONDITIONS DE PARTICIPATION

« sans effort marchant » est ouvert à tous les auteurs d’expression française, sans limite d’âge ni de résidence.

Chaque participant est libre de proposer un ou plusieurs texte(s) de son choix, en relation avec une des images exposées.

Seuls les textes courts (soit 1/3 de page A4 maximum) seront pris en considération. Il n’est pas nécessaire de donner un titre au(x) texte(s) proposé(s).
(exemple 1)

Pour être pris en considération, chaque texte posté doit reprendre :
- La référence de la photo sélectionnée
- l’identité claire de l’auteur (l’auteur peut demander à être publié sous pseudo = à préciser)
- une adresse de contact (de préférence une adresse e-mail)

Les textes retenus (et non tous les textes reçus) seront simultanément postés sur le blog et exposés à La Livre de Café, toujours en relation avec la photo choisie.

Adresse :

Les textes peuvent parvenir en version électronique (cliquez ici) ou en version papier à la Livre de Café. Poster simultanément une version papier et électronique n’augmente pas les chances de sélection mais est toléré.

Date limite pour poster un texte : le mercredi 25 novembre

nb :
- bien que des textes en prose soient souhaités, la poésie (max 1/2 A4) est acceptée (exemple 2)
- parmi les textes retenus, certains seront lus à haute voix lors d’une festivité relative au décrochage de l’exposition (date renseignée ultérieurement)
- sauf cas particulier, il n’y aura aucun contact systématique avec les auteurs pour leur annoncer le choix ou non de leur(s) texte(s), ni de communication concernant les motivations d’un éventuel rejet
- les auteurs présents au décrochage recevront chacun un tirage de la photo choisie par eux
- les auteurs ayant laissé une adresse e-mail recevront par voie électronique une invitation personnelle à l’occasion du décrochage
- les auteurs sont invités à relayer l’événement auprès de leur carnet d’adresses
- les textes proposés restent à toute fin la propriété intégrale de leurs auteurs !